This work describes the ritual stages proposed by Takiwasi, one of the main “shamanistic centers” of the Peruvian Amazon. Each year, an international clientele in search of alternative therapies visits this center in order to participate in “seminars” inspired by the practices of Peruvian curanderismo. Lasting for two weeks, the “seminar” involves the ritualized usage of emetic plants and the psychotropic brew known as ayahuasca as well as retreats into the jungle, conferences and discussion groups. Participation in these practices often leads the subject to see himself as the carrier of pathogenic elements. A few participants experience evil possession behavior during the ayahuasca rituals, while most designate themselves as “infested,” which means affected and in a certain sense inhabited by unseen evil forces that they want to exorcise. Starting from an ethnographic description of the ritual stages in Takiwasi, the study proposes to identify the driving forces behind the appropriation of these motifs as well as its implications, both in terms of relational reconfiguration and symbolic modifications of identity. We show that the participation in the proposed practices involves learning certain skills that transform the relationship that the subject has with
his perceptions and mental states. The participants therefore learn to detect the signs of the presence and identity of culturally postulated supernatural entities both in a ritual
context and in their daily life. These sequences, perceived as the experiential verification of the cosmological and etiological theory specific to Takiwasi, are central in the cultural transmission process. Even though the mode of belief peculiar to these practices is not exempt from doubt and reflexive ambivalence, the ritualistic experience of the tangible presence of supernatural entities leads the participants to form narrative
reconstructions that help to clarify the origin of unhappiness, sickness and misfortune.
Keywords: ayahuasca, shamanism, peruvian curanderismo, possession, cultural transmission, belief, supernatural entities, Peru (Amazonia).
Ce travail décrit le parcours rituel proposé par Takiwasi, l’un des principaux « centres
chamaniques » d’Amazonie péruvienne. Chaque année, une clientèle internationale, le
plus souvent à la recherche de thérapies alternatives, s’y rend afin de participer à des
« séminaires » inspirés des pratiques du curanderismo péruvien. D’une durée de deux
semaines, ce dispositif implique l’usage ritualisé de plantes émétiques, du breuvage
psychotrope ayahuasca, des retraites dans la jungle, des conférences et des groupes de
parole. La participation à ces pratiques conduit le plus souvent le sujet à se concevoir
comme porteur d’éléments pathogènes, dont il cherche dès lors à être purifié. Alors que
certains rapportent l’expérience de séquences de « possession » au cours des rituels
d’ayahuasca, cette représentation de soi est accompagnée de l’idée d’être susceptible
d’être influencé, attaqué et habité par des forces malveillantes habituellement invisibles
(infestation). Cette étude se propose d’identifier, à partir de la description
ethnographique du parcours rituel des participants, les ressorts de l’appropriation de ces
motifs ainsi que ses implications, à la fois en termes de reconfiguration relationnelle et
de modifications symboliques de l’identité. Nous montrons que la participation au
dispositif proposé implique l’apprentissage de compétences déterminées transformant la
relation que le sujet entretient avec ses perceptions et ses états mentaux. Les participants
apprennent ainsi à repérer les signes de la présence et de l’identité d’entités
culturellement postulées à la fois dans le contexte rituel et dans leur vie quotidienne.
Ces séquences, perçues comme la vérification expérientielle de la théorie cosmologique
et étiologique propre à Takiwasi, sont ici au coeur de la dynamique de transmission
culturelle. Bien que l’adhésion à ces motifs ne soit pas exempte de doute et
d’ambivalence réflexive, l’expérience rituelle de la présence tangible d’entités
surnaturelles conditionne alors des reconstructions narratives qui permettent aux
individus d’éclairer l’origine du malheur, de la maladie et de l’infortune.
Mots clés : ayahuasca, chamanisme, curanderismo péruvien, possession, transmission
culturelle, croyance, entités surnaturelles, Pérou (Amazonie).